Le développement du pouvoir d’agir à l’épreuve du terrain

Après une année d’expérimentation, la dynamique partenariale autour du développement du pouvoir d’agir (DPA), initiée lors de la formation, s’est structurée et consolidée. Toutefois, les partenaires locaux naviguent à vue et le découragement n’est pas loin. Ils partagent le sentiment que « la sauce DPA » ne prend pas sur le terrain. Ils sont pourtant à l’écoute des habitants. Ils entendent leurs problèmes, vécus comme des épines dans le pied. Ils essaient de détecter si certains habitants seraient prêts à se mobiliser pour essayer de faire bouger les lignes. Malgré cela, l’expérimentation semble piétiner.

Identifier les points de blocage

Un temps d’échanges a été organisé avec l’Uracs pour identifier les obstacles et dégripper la machine. Les participants ont exprimé des blocages liés à la nature des problèmes identifiés par les habitants : complexes, de grande ampleur, à fort enjeu politique local… À partir de ces éléments, les professionnels ne voient pas toujours comment pourrait se concrétiser la solution, ils s’aperçoivent qu’ils seraient eux-mêmes en grande difficulté pour traiter le problème en question. Pour AIain Cantarutti (délégué de l’Uracs au moment de la formation), il faut prendre du recul : « Lorsque l’on a peur de s’attaquer à une situation qui nous dépasse, qui constitue une vraie épine dans le pied, c’est justement là qu’il y a un vrai enjeu et qu’il faut potentiellement y aller, faire le choix du DPA.« 
Les partenaires ont tous collectivement envie de bien faire et suivent méticuleusement le cadrage méthodologique transmis durant la formation. On croit presque deviner une certaine obsession collective de parvenir à la constitution d’un groupe d’habitants motivés pour prendre à bras le corps un problème vécu (étape fondamentale du DPA).
Or la méthode DPA acquise durant la formation ne devrait pas être un point de blocage. Elle constitue un cadrage méthodologique à considérer davantage comme un guide, un repère pour l’action plutôt que comme un processus scientifique à suivre à la lettre. Par ailleurs, elle est un moyen et non une fin. C’est un mode d’intervention sociale parmi d’autres. Certes, « la réponse à une problématique est parfois plus puissante quand elle émerge des habitants eux-mêmes plutôt que lorsqu’on leur apporte ou qu’on la leur prescrit » (Alain Cantarutti). Mais ce mode de réponse n’est pas toujours le plus pertinent ni nécessairement le plus efficace pour résoudre une situation problématique.

Savoir prendre du recul par rapport au cadre

Ainsi, pour dépasser les points de blocage, il est nécessaire de se concentrer sur l’analyse stratégique des situations remontées. À l’issue des réflexions, les participants se positionnent pour ou contre le recours au DPA comme mode d’intervention sociale en réponse aux situations problématiques vécues et exprimées par des habitants. À cette occasion, comme tout au long de l’expérimentation, les échanges sont nécessairement nourris des valeurs et grands principes du DPA. Et c’est seulement en cas de blocage que la référence au cadre méthodologique, à la théorie, est précieuse.

Chacun son rôle

Alors que le groupe était persuadé que tous les partenaires impliqués dans cette expérimentation devaient être partie prenante à chaque étape du DPA, la réunion a permis de revenir sur ce point et de le clarifier. Il a ainsi été expliqué que chacun occupe une place différente au sein du groupe mais aussi dans le quartier, que ce soit en raison de son métier (compétences, postures…), de sa légitimité à intervenir sur tel ou tel sujet mais aussi en raison du mandat qu’il a pu obtenir de son employeur pour se lancer dans l’expérimentation. Puis, il a été précisé qu’après avoir décidé collectivement que telle ou telle situation pouvait faire l’objet de l’expérimentation, le groupe doit identifier quel est (ou quels sont) le-s partenaire-s le-s mieux à même d’accompagner le collectif d’habitants en devenir. Pour autant, le rôle des autres partenaires ne s’arrête pas à cette étape et ils peuvent assurer un soutien en continu au partenaire désigné.

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Une culture commune autour du développement du pouvoir d'agir

En 2016, un groupe de professionnels et de bénévoles de Rillieux-la-Pape (commune de l’agglomération de Lyon) et des quartiers Sud-Est et Crêt de Roch-Soleil, à Saint-Étienne (Loire) a été formé au développement du pouvoir d’agir (DPA) par l’Union Régionale des centres sociaux (Uracs).

Territoire spécifique : Rillieux-la-Pape et Saint-Etienne

Action réalisée par : Labo Cités

2016

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