Conseils-citoyens de Bretagne et Pays de la Loire : état des lieux et perspectives

Depuis quelques années, un certain nombre de rapports donnent à voir le regard national porté sur les conseils citoyens sans pour autant fournir de lignes directrices claires en ce qui concerne leur évolution. La prorogation de la dernière génération du contrat de ville jusqu’en 2023 a eu pour effet de repousser l’échéance de la réflexion quant au devenir des conseils citoyens dans le cadre de la future contractualisation. C’est dans ce contexte qu’intervient la volonté de dresser un portrait d’ensemble de la situation des conseils citoyens bretons et ligériens. Même s’il existe autant de réalités qu’il y a de conseils citoyens, l’enquête est animée par la volonté de donner à voir une photographie sensible de ce que sont devenues ces instances de démocratie participative. Elle propose de mettre en avant les réussites et les bonnes pratiques, mais aussi les points de vigilance qui se dégagent au regard des situations locales.

Portraits des conseils citoyens

La Bretagne et les Pays de la Loire comptent 586 conseils citoyens, dont 80% ont été créés entre 2015 et 2016, et près de 75% d’entre eux sont encore actifs. On peut dénombrer autant de rôles attribués aux conseils citoyens que de conseils citoyens, chacun ayant sa propre perception de ce que la loi attend d’eux. Perçus par certains comme un espace d’initiatives et d’insertion sociale, par d’autres comme un espace de revendications, les conseils citoyens restent avant tout des lieux d’expérimentation de la démocratie participative.

Les motivations à l’engagement des conseillers citoyens sont multiples, mais l’envie d’agir pour son quartier et pour les habitants ressort prioritairement avec 75% des réponses. C’est ainsi que 33% des conseils citoyens ont choisi d’aborder la thématique du cadre de vie suivie des thématiques de l’accès à l’emploi et du logement avec respectivement 11% et 12% des conseils citoyens qui ont travaillé ces sujets.

Rejoindre le conseil citoyen constitue pour certains un défi personnel (18% estiment avoir plus de facilités à prendre la parole en public), une ressource (9% ont développé leur capacité d’écoute par exemple), une opportunité pour prendre confiance en soi, se sociabiliser… Participer au conseil citoyen, c’est aussi la possibilité de changer l’image de son quartier, en comprendre les rouages institutionnels (11% ont développé leur connaissance de la politique de la ville), être partie prenante de la vie locale (9% en ont appris plus sur leur quartier) et développer sa citoyenneté.

Accompagnement des conseils citoyens

L’accompagnement et l’animation des conseils citoyens diffèrent d’un territoire à l’autre, 3 types d’acteurs principaux se dégagent : les adultes-relais employés par une collectivité (45%), les agents territoriaux du service politique de la ville (30%) et les binômes service politique de la ville/autre acteur (25%). Cette situation pose la question de l’indépendance des conseils citoyens et la neutralité des accompagnateurs. C’est pourquoi l’accompagnement des conseils citoyens par une structure extérieure, un tiers neutre, même si plus rare, apparait comme une solution plus acceptable par les membres des conseils citoyens. L’accompagnement proposé facilite l’autonomisation croissante des conseils citoyens et la montée en compétences de ses membres et peut ainsi conduire à la mise en retrait progressive de l’animateur.

Quel avenir pour les conseils citoyens ?

Si le lancement des conseils citoyens a pu susciter méfiance et interrogation, voire désintérêt, on constate une meilleure intégration à la dynamique du contrat de ville : invitation du conseil citoyen aux instances de la politique de la ville ; prise en compte de leurs revendications ; reconnaissance de leur qualité « d’expert » de leur territoire… Pour autant, malgré l’objectif affiché d’une co-construction du contrat de ville, force est de constater que le niveau de participation dépasse rarement celui de la consultation. En outre, 56% estiment que la participation du conseil citoyen au contrat de ville est symbolique, et 40% considèrent qu’elle a des impacts.

A l’aube de la contractualisation d’une nouvelle politique de la ville, l’avenir des conseils citoyens apparait incertain. Leur impact pourtant, n’est plus à démontrer. Ils ont réussi à ouvrir des brèches vers une reconfiguration des pratiques de la participation, ils se sont révélés les catalyseurs des enjeux de la participation, des relais entre les habitants et les institutions. Mais surtout, ils ont répondu à une urgence pour les habitant.e.s de se sentir entendus.

L’étincelle démocratique des conseils citoyens c’est d’avoir su créer des espaces de participation libre, sans calendrier ni ordre du jour imposé, des espaces démocratiques qui partent de l’individu, imposent un collectif et engagent une réflexion. Ces espaces sont rares, précieux, et méritent de faire l’objet d’une plus grande ambition.

Consulter la publication ici : https://www.resovilles.com/wp-content/uploads/2021/11/PANORAMA_CONSEILS_CITOYENS_RESOVILLES_2021_WEB1.pdf

 

 

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Territoire spécifique : Bretagne et Pays de la Loire

Action réalisée par : RésO Villes

2014-2021

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