Participation et travail social

A l’heure de la co-construction de la politique de la ville avec les habitants, le lien entre « travail social » et « participation » est l’occasion d’une revisite, d’autant plus que le travail social a connu un certain nombre d’évolutions quant à la place des usagers depuis 2002 (1).

Des injonctions à la réalité

En fonction du curseur, le rapport aux institutions et aux publics n’ont rien à voir. Or la loi, si elle stipule qu’il faut associer les publics dans le cadre des dispositifs d’accompagnement social, ne dit pas comment il faut le faire, avec quels outils, ni même jusqu’où il faut aller. Comme le souligne Manuel Boucher il existe plusieurs catégories d’intervention communautaire (2).
L’engouement récent pour les pratiques d’intervention sociale venues des États-Unis comme le « travail social communautaire »  constitue un moyen de changer les relations entre les travailleurs sociaux et les personnes qu’ils accompagnent.
Outre les questions de méthode, la participation dans le travail social ne renvoie pas seulement à des dispositifs ou à des outils, mais davantage à la conception de la démocratie. En effet, Marion Carrel a mis en exergue les différentes conceptions de la participation selon le type de démocratie (représentative versus participative) et la conception du peuple vis- à-vis de la participation :

Conceptions du peuple vis-à-vis de la participation
Type de démocratie Égalité diversité
Représentative

Participation inutile

Injonction participative
Participative Participation citoyenne Empowerment

Aller au-delà de l’injonction : mettre en pratique

Le développement du pouvoir d’agir questionne la « bonne distance », la posture des travailleurs sociaux vis-à-vis des publics. Ainsi que leur rôle d’accompagnant et de médiation vers les acteurs du territoire participant de l’autonomisation de la personne.
Malgré les exigences accrues vis-à-vis du travail social en matière de participation ou d’association des usagers, la réalité est tout autre. D’une part les travailleurs sociaux exerçant sur le terrain ne sont pas « formés » à la participation, et d’autre part les étudiants qui seront demain les futurs travailleurs sociaux, disposent pour le moment de connaissances théoriques très peu mises en pratique (voir à ce sujet, la complexe réforme des diplômes du travail social).
Tout un langage, une façon d’aborder les choses (= faire avec plutôt que dire comment faire), qui nécessite que les professionnels du travail social se forment et se mettent en réseau sur leurs territoires avec les autres professionnels qui à leur manière contribuent également dans leurs institutions, à développer les pouvoir d’agir des individus.  On pense notamment aux professionnels de la cohésion sociale.

(1) Voir notamment : La loi du 2 janvier 2002. Et le rapport émis par les États Généraux du Travail Social en février 2015.
(2) Boucher Manuel, « Participation et travail social – Enjeux et acteurs de l’intervention sociale collective et communautaire », Cahiers du travail social n°84, pp. 53-72.

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2016

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